Mauvais Genre - Chloé Cruchaudet
Alors déjà non, sachez que malgré cette pose mi délinquante mi bohème et ce code-barre soigneusement collé sur la couverture, je n'ai pas volé cette BD. Je l'ai lue il y a quelques mois et l'ai réempruntée à la bibliothèque de mon tiekar afin de pouvoir illustrer cet article. De toute façon, je n'ai chouré que deux trucs dans ma vie; une crème hydratante à 10 euros et quelques flacons de sauce au pesto à Prisu quand j'étais au lycée (~10 ans plus tard, ma mère fronce encore les sourcils lorsque je lui en parle ).
Bref,
le sujet de ce bouquin n'étant ni la délinquance en milieu
Auvergnat, ni les regrets que peut avoir ma mère vis à vis de mon
éducation, parlons plutôt de cette BD.
L'histoire
(vraie), d'après le roman La Garçonne et l'Assassin de
Fabrice Virgili et Danièle Voldman parle de Louise Landy et de son
époux Paul Grappe qui se marient à l'aube de la guerre 14-18. Ils
s'aiment super fort, il lui offre des fleurs, elle enlève les grains
de poivre sur ses tranches de pâté, ils rêvent de véranda... bref,
la vie est chouette.
Sauf
que d'un coup bim, la guerre est déclarée. Paul est tellement doué pour les pompes et les squats qu'il est nommé caporal. Du coup forcément, il doit se rendre au
front. On le suit donc très succinctement dans les tranchées, mais suffisamment longtemps pour se rappeler et/ou comprendre que la guerre bon, finalement c'est pas si cooli, à tel point
que Paul en a un peu marre et s'auto-mutile afin
de se retrouver au dispensaire. Il filoute pour ne pas guérir mais
en fait tout le monde s'en fout et tient à ce qu'il retourne au
front. La tuile quoi.
Sauf
que Paul ne mange pas de ce pain-là et réussit tout de même à
s'enfuir et donc, à devenir déserteur. Il a plutôt intérêt à se
planquer parce qu'à l'époque quand on abandonnait ses potes et tenait tête aux gars sûrs de l'armée, ben on se faisait
fusiller. Paul a donc retrouvé sa liberté, bien que toute relative,
et Louise, qui se tue au travail afin d'assumer seule les dépenses
du foyer. Le problème c'est qu'en fait Paul maintenant, ben il est
tout niqué, et que la boule au ventre que je ressens quand je regarde et/ou lis des trucs tristou,
lui il a l'a en permanence. Et avec quelques souvenirs abjects en
prime.
Le couple se met des châsses monumentales 7j/7 et Paul
ne supporte plus de rester enfermé, ce qui l'encourage à se
travestir afin de pouvoir sortir dans la rue tout en passant inaperçu. Louise l'encourage
dans cette démarche, et l'on suit alors la transformation de son époux
en femme qui se vernit les ongles, se tient bien droite à table et devient couturière émérite.
Les
traumatismes de guerre, une popularité grandissante auprès de ses
amies, une fascination malsaine et pas vraiment assumée pour le
charisme de son épouse. Une vie hors normes emplie de névroses, d'alcoolisme et d'expériences sordides (principalement parce que non consenties par Louise). Tout ça rend Paul complètement fou et maltraitant.
Je
ne suis pas spécialement fragile. Je lis, vois et/ou entends des trucs désolants à longueur de journée mais j'essaie de mettre tout ça de côté pour ne pas me jeter du haut d'un pont. Mais parfois, quand je lis, vois et/ou entends des trucs, j'ai comme une boule
au ventre qui m'oppresse et me dit « ça va c'est bon meuf, on
a compris que tu étais une guerrière, maintenant retourne te
détendre devant Jojo's Bizarre Adventure stp ». Sauf qu'en fait,
cette petite boule, lorsqu'elle apparaît dans un contexte lié aux loisirs je l'aime bien, c'est ce que je recherche.
Je
l'ai ressentie peu de fois ; en regardant les films La Chasse, Okja
et Funny Games (la version de 98 évidemment ), la série Making a
Murderer (dispo sur Netflix ), en jouant au jeu vidéo Outlast, et en
lisant les BD Blast de Manu Larcenet (j'en reparlerai ici oh ça oui)
et du coup, Mauvais Genre.
J'ai
trouvé l'histoire aussi dérangeante que fascinante. Je me suis
sentie oppressée tout le long du récit qui est d'ailleurs
impeccablement raconté ; le malaise est parfaitement bien dosé et
monte au fur et à mesure que la relation entre Louise & Paul se
dégrade. J'avais hâte de tourner la dernière page, mais n'ai pourtant pas réussi à suspendre ma lecture.
C'est
raide, intense, injuste, prenant, et pas simplement parce qu'il
s'agit d'une histoire vraie. Je ne relirai pas cette BD parce que je n'y ai pris aucun "plaisir", mais la recommande vivement.
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(Et si vous avez la flemme de lire la BD, sachez que le film Nos années folles d'André Téchiné en salles en ce moment traite de la même histoire.)
(Et si vous avez la flemme de lire la BD, sachez que le film Nos années folles d'André Téchiné en salles en ce moment traite de la même histoire.)
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