Shangri-La - Mathieu Bablet
Si l'on devait mettre Shangri-La dans une case, ce serait probablement celle de la science-fiction ; l'histoire se déroule dans une station orbitale, on voit des planètes flotter dans l'espace, les gens font des « mut mut » (c'est le bruit d'un klaxon

Et pourtant, ce que j'ai retenu de cette BD, ce sont plutôt les thèmes abordés. J'hésitais à les lister, je me disais que c'était lourd, trop long, pas nécessaire. Sauf qu'en fait c'est ce que j'ai préféré, et ce qui fait que je conseillerais Shangri-La au monde entier ! 

J'ai donc tenté de les résumer en quelques mots-clés. Ils sont nombreux et graves, mais tous très bien amenés et intégrés. L'auteur n'est jamais moralisateur même si visiblement très engagé et les divers désaccords entre les personnages laissent même place à la réflexion personnelle.


Alors dans Shangri-La on parle de/du/des :
l'absence de religion traditionnelle (vivre sans direction ni cadre à suivre) 

nucléaire 

la rarification de l'eau, l'écologie en général 

libre arbitre des grandes puissances 

racismes/spécismes et de leurs frustrations projetées sur les minorités communautaires 

l'hypersexsualisation des corps 

l'état d'urgence 

la condition animale



marketing digne du pire enfant des abysses



Mathieu Bablet racontait d'ailleurs dans une interview qu'il avait choisi d'éluder le sujet du féminisme par manque d'espace, et aussi parce que le bouquin était de toute façon d'ores et déjà bien chargé en thèmes pénibles. Mais il est important de noter que les personnages féminins de Shangri-La sont tous importants, forts, indépendants et futés.
J'ai également pris plaisir à noter l'absence totale d'intérêt amoureux au sein des relations hommes/femmes et plus globalement de celles de la plupart des personnages. Et ça bah, c'est super cool en fait ! 
Et alors là vous me dites, minute papillon 
! Mais pourquoi ne pas parler du reste de l'histoire ? Eh bien, tout simplement parce que je l'ai trouvée plutôt classique... mais tant mieux, c'est aussi grâce à cela que les thèmes "militants" peuvent prendre autant de place dans le récit qui est finalement bien ancré dans notre réalité.


Les personnages principaux sont peu nombreux, et c'est une chose que j'apprécie souvent dans la BD puisque le format est court, et que moultes personnalités n'auraient de toute façon pas ou peu la place de se développer.
Le fil rouge de l'histoire n'en est pas moins important, et j'avais quand même l'envie de suivre sa progression et de connaître la fin.
Les planches sont toutes superbes et regorgent de détails dont la finesse et la précision des traits me rappellent celles de
Moebius
.


C'est une BD que je conseillerais à ceux qui militent pour des trucs importants (ou s'y intéressent seulement, c'est déjà chouette), aux jeunes curieux de savoir comment fonctionne le monde ou bien à ceux qui ne le sont pas du tout (et du coup bim, prise de conscience, futur Gandhi dans 10 ans, merci Marie, de rien frère
), à ceux qui n'aiment pas forcément la science-fiction, et aux amateurs de dessins coquets. Et à tout le monde en fait.

Bref.
« C'est mieux que Star Wars ! »
BD sourcils jambon Magazine, 2017
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